La cigarette électronique : un défi de gestion!

Texte de Manon Perreault, CRHA
Consultante en gestion des ressources humaines

Certains d’entre vous ont peut-être eu des demandes d’employés concernant l’utilisation de la cigarette électronique au travail. Présentement, le débat au Québec est principalement concentré sur deux questions fondamentales :

  1. la cigarette électronique (CE) représente-t-elle une menace qui pourrait faire régresser le Québec sur les gains réalisés depuis des décennies en matière de santé publique?
  2. la CE représente-t-elle bel et bien un outil qui permet aux fumeurs d’arrêter de fumer?

Nous avons cru important de vous informer des détails de la CE et des recommandations actuelles à l’égard de la mise en place d’une politique concernant son utilisation dans vos entreprises.

Débat nouveau genre!


Qu’est-ce que la cigarette électronique?

Il s’agit d’un dispositif en forme de cigarette avec une pile et un microprocesseur qui vaporise une solution liquide (90 % propylène glycol ou glycérine), contenant ou non de la nicotine et des arômes, sans phénomène de combustion. La CE est soit jetable, soit rechargeable avec des cartouches préparées ou des bouteilles de liquide; il est difficile de distinguer les versions avec ou sans nicotine. Au Canada, à l’heure actuelle, la vente de CE avec nicotine serait illégale et la vente de CE sans nicotine serait permise à la condition que le produit ne soit pas présenté comme une aide pour cesser de fumer. L’âge de la vente ne serait pas non plus sous règlement.

Les positions des différentes instances

Présentement, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) envisage de soumettre la cigarette électronique à sa convention principale comme outil du tabac. Les États-Unis ont déjà emboité le pas en considérant, en 2011, la CE comme un outil du tabac.

De son côté, le directeur de la santé publique au Québec, comme son homologue canadien, invite la population de s’abstenir de consommer la cigarette électronique tant que soit mieux compris les impacts sur la santé. De plus, tant et aussi longtemps que les professionnels de la santé ne pourront confirmer le contenu de la cigarette électronique (car celle-ci contient des produits toxiques), celui-ci recommande aux Québécois de considérer la CE comme un produit du tabac et donc, de règlementer les lieux de consommation selon les mêmes dispositions. L’Assemblée nationale a d’ailleurs, le 26 septembre dernier, demandé au gouvernement de réviser la loi sur le tabac qui jusqu’à maintenant ne légifère pas la CE.

Politique en milieu de travail

La loi sur le tabac n’inclut pas la CE, il n’existe donc aucune loi obligeant les employeurs à l’interdire dans les milieux de travail. La tendance des employeurs semble d’ailleurs favoriser la proscription de son utilisation dans l’entreprise au même titre que la cigarette standard. Cette pratique fait d’ailleurs l’unanimité actuellement dans les entreprises contactées à cet effet à l’intérieur du réseau de Perreault & Associés et… fait intéressant : dans tous les cas, les impacts sur les relations de travail ont été nuls.

Il faut garder en tête que d’une part, il existe une fumée qui peut incommoder les autres employés et d’autre part, tant que le contenu de la CE que le contenu de la fumée qui en émane (sans toutefois produire une odeur désagréable) ne sont pas évalués par les autorités de la santé publique, il est recommandé de demeurer prudent avant de l’autoriser dans les milieux de travail.

Peu importe la décision, les enjeux d’équité, de santé et de sécurité au travail et de climat de travail doivent être au centre de la réflexion et de la décision.

N’hésitez pas à vous référer aux différents sites ci-dessous pour plus d’informations.

Quelques références :

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre