Le harcèlement psychologique…au-delà des préjugés

De plus en plus, nous entendons parler dans les différents médias, dans nos différents contextes professionnels et personnels, de cas de harcèlement. Qu’il soit sexuel ou psychologique, il n’en reste pas moins que le harcèlement est d’une part, contraire à la loi et à l’éthique, mais aussi, extrêmement lourd de conséquences sur l’être humain.

D’une grande violence, ces gestes peuvent créer souffrance pour l’individu qui les subit et pour son entourage, par l’apparition de sentiments tels que la peur, la colère, l’impuissance face à la situation et/ou le découragement. (Dagenais) Les impacts sur la productivité de l’organisation en sont aussi atteints par l’observation du taux d’absentéisme élevé et un manque de concentration important de la part de la victime. À cela s’ajoute un climat de travail néfaste, car ces événements peuvent avoir un impact sur tout le groupe de travail. Enfin, une augmentation des frais d’assurances ainsi qu’une diminution de la qualité de la prestation de travail et des services sont d’autres conséquences pour l’entreprise.

Qui peut être victime?

Avez-vous déjà entendu « elle avait juste à ne pas s’habiller sexy» en parlant d’une personne victime d’agression sexuelle? Ou bien « les femmes violentées ont provoqué leur conjoint»? Malheureusement, encore aujourd’hui, trop de préjugés et de stéréotypes sont encore présents dans notre société lorsqu’on parle de harcèlement. Le préjugé se définit comme étant : « la prédisposition à réagir défavorablement, à une personne simplement parce qu’elle appartient à une classe ou à une catégorie d’individus donnés » (Gergen & Gergen).

Or, les victimes de harcèlement appartiennent-elles à une classe ou une catégorie d’individus donnés? Sont-elles des personnalités paranoïaques, dépendantes, introverties? Il n’en est rien. Il faut éviter de stigmatiser la victime en une personnalité « faible » et surtout croire que ça ne nous arrivera jamais. Tant mieux si c’est ce que vous croyez, vous êtes peut-être déjà bien confiant et bien outillé. Mais qu’arriverait-il si vous vous retrouviez dans un contexte d’entreprise où certaines pratiques professionnelles seraient douteuses où votre conscience professionnelle, déjà élevée, serait mise à l’épreuve? Même si certains auteurs soulèvent quelques caractéristiques du bouc émissaire, ainsi que du contexte dans lequel les situations se produisent notamment ; la compétence qui vient menacer celle des autres, la conscience et l’éthique professionnelles, les personnes peu performantes, les charismatiques, le jugement rapide est à proscrire.

Évidemment, une enquête s’impose lorsqu’un de vos employés vous adresse une problématique de harcèlement ou d’intimidation. Il est primordial de ne pas banaliser les situations, mais de vous assurer que cela est bel et bien du harcèlement. Si c’est le cas, vous avez des obligations.
Je vous invite, chers employeurs, à lire le bulletin de Me Valérie Bousquet, partenaire de Perreault & Associés, qui vous explique vos obligations et la démarche à suivre afin de les respecter.

Je vous invite aussi à lire l’information concernant les partys de Noël. Ces situations sont de belles occasions qui peuvent malheureusement mal tourner. Soyez vigilants.

J’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes et une très, très belle année 2015. Je vous souhaite, tant à vous-même qu’à toute votre organisation, des relations agréables et authentiques, exemptes de manipulation.


Manon Perreault, CRHA
Présidente

Centre Patronal de santé et sécurité du travail, Revue Convergence mai 2003
Künzi, Gilbert, Vicario, Angelo, Künzi, Denise, Jeandet, Catherine, Harcèlement sur le lieu de travail: l’entreprise en question, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2006

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre