Conciliation travail-famille ou conciliation famille-travail?

Manon Perreault, CRHA
Présidente-directrice générale
Directrice régionale – Montérégie

Il n’y a pas si longtemps, nous avions un débat sur le libellé qu’il fallait employé lorsqu’on parle de conciliation travail-famille. J’étais d’avis qu’il fallait utiliser le mot «famille» avant le mot «travail» afin que psychologiquement, nous priorisions la famille avant le travail. Or, ma collègue alléguait qu’il fallait maintenir la version travail-famille car dans sa compréhension, on se devait de d’adapter le travail pour les besoins de la famille. Très intéressant comme point de vue. J’ai donc adhéré à cette définition soit qu’il faut adapter notre travail en fonction de nos besoins familiale et j’ajouterais même, à notre vie privée, car tous n’ont pas d’enfants et de conjoints, mais nous avons tous des besoins d’activités or du travail. J’utilise donc depuis le libellé «conciliation travail-famille-vie privée». Et vous ?

Qu’est-ce que la conciliation travail-famille?

Le ministère de la Famille et des Aînés a choisi d’utiliser la définition ayant fait consensus dans le cadre des travaux d’élaboration de la norme Conciliation travail-famille octroyée par le Bureau de normalisation du Québec. La définition est la suivante: recherche de l’équilibre entre les exigences et les responsabilités liées à la vie professionnelle et la vie familiale. Le ministère fait la différence entre la conciliation travail-famille et la vie personnelle. La programmation d’activités sportives pour un individu par exemple, malgré que cela contribue à l’équilibre de vie et à sa qualité, n’est pas considérée comme une mesure de conciliation travail-famille au sens du ministère.

Il est évident que la mise en place de la norme Conciliation travail-famille, unique au monde d’ailleurs, permet pour les organisations d’attirer et de fidéliser leur main-d’oeuvre et de mettre en oeuvre de bonnes pratiques organisationnelles favorables et à faire en sorte que la politique de conciliation soit durable, pour ne nommer que ces avantages.

D’un point de vue éthique, est-il équitable d’en exclure les individus qui n’ont pas d’enfants ? Il est évident que je recommande aux organisations de mettre en place une politique, toutefois, je me permets de recommander de réfléchir à toutes les avenues possibles et d’éviter de catégoriser les types d’employés. La conciliation travail-famille-vie privée peut être une avenue intéressante, prendre en compte aussi que les individus ont d’autres intérêts que leur travail et que de leur permettre de se réaliser autrement que professionnellement, cela ne fera qu’augmenter leur sentiment d’appartenance envers leur employeur et ainsi, y être surement fidèle.

Bonne réflexion.

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre