À quel âge allez-vous vraiment vous tanner de votre job?

Publié le 27/02/2018 à 06:09, mis à jour le 27/02/2018 à 09:38

À quel âge allez-vous vraiment vous tanner de votre job?

Publié le 27/02/2018 à 06:09, mis à jour le 27/02/2018 à 09:38

Le danger nous guette, sans qu'on s'en doute une seule seconde... Photo: DR

Ça a toujours du bon de ranger... L'autre jour, j'ai décidé de faire un peu de tri dans les papiers qui s'accumulent sur mon bureau, et ça m'a permis de mettre la main sur une étude que j'avais mise de côté et... complètement oubliée depuis un an! Une étude pourtant fascinante. Je m'explique.

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Il s'agit d'un sondage mené par le cabinet-conseil en ressources humaines Robert Half, en collaboration avec le cabinet-conseil en bonheur en entreprise Happiness Works, auprès de 12.000 employés américains et canadiens. Son objet : identifier non seulement les employés qui sont les plus heureux au travail, mais aussi les raisons pour lesquelles ceux-ci tripent tant en travaillant. Comme moi à l'époque, j'imagine que vous avez hâte d'en connaître les conclusions...

Je me suis donc plongé dedans, et – curieusement – c'est tout autre chose qui a attiré mon attention. Un détail, à première vue. Il y avait un passage où les résultats étaient présentés par tranches d'âges, et il en ressortait surtout une chose : toutes les générations étaient globalement heureuses au travail (globalement, 71% des employés nord-américains se disent heureux au travail), à l'exception d'une seule. Laquelle? La génération X, soit les 35-54 ans.

«Les employés qui ont entre 35 et 54 ans sont les moins heureux, les plus stressés et les moins intéressés par leurs tâches au travail», note d'ailleurs l'étude.

Autrement dit, dès qu'on franchit le cap des 35 ans, on court un risque grandissant d'aller de désillusion en désillusion au travail, voire de carrément se sentir de plus en plus malheureux dans notre quotidien professionnel.

Comment cela se fait-il? Oui, comment se fait-il que ceux qui sont a priori au sommet de leur talent éprouvent autant de souffrances au travail?

La réponse saute aux yeux lorsqu'on regarde en détail l'étude : rien, ou presque, n'est fait dans nos organisations pour rendre les 35-54 ans heureux. En effet, le bonheur des employés est essentiellement composé de six éléments, selon l'étude:

1. La fierté. Être fier de l'organisation pour laquelle on travaille, c'est le principal facteur de bonheur, en général.

2. La reconnaissance. C'est là le deuxième plus important facteur. À noter qu'il occupe le premier rang auprès des professionnels du droit et de la comptabilité.

3. Le respect et l'équité. Être respecté et évoluer dans un milieu équitable, c'est une priorité des employés d'aujourd'hui. À noter que si cela fait cruellement défaut au sein d'une organisation, les employés sont prompts à aller voir ailleurs.

4. L'accomplissement. À noter que c'est là le principal facteur du bonheur des milléniaux, soit les 18-34 ans.

5. Le sens. À noter que c'est là l'un des trois facteurs qui contribuent le plus au bonheur des professionnels des services financiers, de l'administration, des technologies de l'information et de la créativité.

6. Les connexions. Avoir des relations de travail positives et enrichissantes, c'est un élément clé du bonheur au travail. Fort heureusement, les deux tiers (63%) des employés nord-américains disent en jouir dans leur quotidien.

Pour revenir à notre pauvre génération X, il faut saisir que leurs souffrances résident justement dans ces facteurs du bonheur, qu'ils peinent à mettre en branle. Cela peut concerner leur fierté à l'égard de leur entreprise : peut-être certains se désolent-ils qu'elle n'ait pas vraiment à coeur d'avoir un impact positif sur l'ensemble de la société, la priorité allant toujours à la sacro-sainte croissance des profits. Cela peut aussi concerner la reconnaissance : peut-être certains se lamentent-ils de voir leurs talents propres si peu reconnus et utilisés. Cela peut encore concerner l'équité : peut-être certaines finissent-elles par être écoeurées d'être toujours payées 15% de moins que leurs homologues masculins, en dépit de leur progression dans la hiérarchie. Etc.

On le voit bien, il y a mille et une raisons qui peuvent être évoquées pour expliquer le malheur au travail des membres de la génération X. Il s'agit là d'y aller au cas par cas, de toute évidence. Cela étant, il est clair que chaque organisation a tout intérêt à apporter une attention particulière à ce phénomène; et mieux, à tenter d'y remédier sans tarder.

«Travailler, c'est difficile et exigeant. Mais lorsqu'on parvient à surmonter cela, à faire en sorte que le travail devienne une source non pas de frustrations, mais d'épanouissement, alors tout le monde y gagne : l'employé comme l'employeur. Car il faut bien comprendre que le bonheur au travail n'est pas un luxe, mais une nécessité pour avoir une organisation à la fois productive et prospère», dit Nic Marks, fondateur et chef de la direction de Happiness Works.

Comment, donc, corriger le tir pour les X? Eh bien, c'est simple : en demandant à chaque manager de votre organisation d'avoir des discussions individuelles à ce sujet avec chacun des 35-54 ans de son équipe. La discussion peut tourner autour des six éléments fondamentaux du bonheur au travail, et viser à mettre au jour les «petites choses» qui sont à l'origine des «grands maux» vécus par ceux-ci. Oui, des «petites choses» comme ces petits caillous qui se glissent parfois dans nos chaussures et nous font si mal au pied, parfois au point de boîter, si l'on ne s'arrête pas un instant pour les retirer...

Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis:

> Qui entend ne pas voir son quotidien au travail se transformer en cauchemar se doit d'être vigilant au cap fatidique des 35 ans. Pourquoi? Parce que c'est très précisément à cet âge-là qu'on court un risque croissant d'aller de déception en déception au travail, et de finir par broyer du noir, tout seul dans son coin. La parade est simple : il convient de considérer avec son manager les six facteurs du bonheur au travail et d'identifier ensemble les moyens à mettre en oeuvre pour favoriser l'épanouissement de l'employé en question.

En passant, l'écrivain français François-René de Chateaubriand a dit dans son Essai sur les révolutions : «C'est au malheur à juger du malheur».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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