Avec 210 000 professionnels et des revenus annuels de 32 milliards, le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC) vit des années fastes au Québec. Mais le plus récent rapport sur cette industrie note quelques « lumières jaunes », a-t-on précisé lors de la présentation hier. Confrontées aux embauches massives des grandes entreprises non technologiques, les PME peinent à attirer et retenir les talents, notamment féminins. Portrait.

52 %

Il s'agit de la proportion des professionnels en TIC qui travaillent pour une entreprise qui n'est pas spécialisée en technologie - par exemple un grand employeur privé comme Bombardier ou Jean Coutu, ou les administrations publiques. Ces entreprises « hors-TIC », comme les qualifie le Diagnostic sectoriel dévoilé hier par l'organisme TECHNOCompétences, paient mieux : 77 300 $ contre 66 900 $ pour les entreprises technos.

« Les technologies sont de plus en plus transversales, elles sont partout maintenant [...] Ça crée un effet de compétition pour le secteur. Clairement, c'est un élément qui ne vient pas aider le recrutement des PME. » - Vincent Corbeil, analyste marchés du travail chez TECHNOCompétences

16,1 MILLIARDS

PIB du secteur des TIC en 2016, soit 5 % du PIB (produit intérieur brut) de l'ensemble du Québec. Depuis 10 ans, le PIB du secteur des TIC a augmenté en moyenne de 2,5 %, soit le double de celui de l'ensemble du Québec. Fait à noter, cette croissance est le double également de celle du secteur des TIC en Ontario, qu'on considère comme plus mature.

7900

Nombre d'entreprises travaillant dans le secteur des TIC en 2017 ; 95 % emploient 50 personnes et moins, et 70 % moins de 5. Elles sont concentrées dans les grandes villes : 7 sur 10 sont installées à Montréal et à Québec.

81 %

Pourcentage d'entreprises en service informatique et édition de logiciels au sein du secteur des TIC. Il s'agit du « pilier » de cette industrie, qui regroupe en outre 65 % de la main-d'oeuvre. L'autre domaine « vigoureux », selon le Diagnostic, ce sont les télécommunications : 22 % de la main-d'oeuvre pour 37 % des revenus, même si on n'y compte que 8 % des entreprises.

RETENIR LES RECRUES

Avec un taux de roulement relativement stable, autour de 11 % depuis des années, le secteur des TIC n'est pas particulièrement frappé. Mais c'est surtout le portrait des « décrocheurs » qui suscitent l'inquiétude : deux fois sur trois, il s'agit d'employés comptant moins de trois ans d'ancienneté. « Il y a une nécessité de travailler là-dessus pour créer un sentiment de loyauté », estime M. Corbeil.

27 %

Pourcentage des professionnels des TIC qui sont des immigrants, alors qu'ils ne représentent que 15 % de l'ensemble des emplois au Québec. Le secteur des TIC est particulièrement « inclusif » et actif dans l'intégration des immigrants, a noté Jean-Sébastien Boulard, président du conseil d'administration de TECHNOCompétences.

STAGNATION... ET ESPOIR POUR LES FEMMES

Un des défis depuis belle lurette dans le secteur des technologies est d'y attirer les femmes. À cet égard, ce Diagnostic ne révèle aucune évolution : elles représentent toujours grosso modo 20 % des effectifs. En nombre absolu, elles sont passées de 36 500 en 2011 à 41 200 professionnelles en 2016, reflétant la croissance de ce secteur. Par contre, elles sont plus nombreuses que jamais du côté de la relève, « une lueur au bout du tunnel » estime Vincent Cobeil : on observe une hausse de 80% de leur nombre dans les effectifs des baccalauréats en informatique depuis cinq ans.

CROISSANCE DU BASSIN D'ÉTUDIANTS EN TIC DEPUIS 2010

DEP : 50 %

DEC : 6 %

Universités : 49 %

Infographie La Presse