ressources / revue-rh / volume-26-no-2

Réseaux sociaux : Tournez la souris 7 fois avant de publier!

« Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. » Si l’adage n’est pas nouveau, il est facile de l’oublier dans un contexte où les réseaux sociaux permettent de publier du contenu en deux temps, trois mouvements. Or, pour les personnes portant le titre de CRHA ou de CRIA, la vigilance s’impose.
12 juin 2023
L’équipe de l’inspection professionnelle

En 2022, Stéphane Blais a été radié à vie de l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) du Québec, en plus de se voir imposer une lourde amende. Les faits qui lui étaient reprochés? Avoir partagé dans les réseaux sociaux des vidéos et des publications qui véhiculaient des théories du complot et de fausses informations. Un exemple qui peut sembler extrême, mais qui montre que les professionnels(les) d’un ordre professionnel doivent, en toutes circonstances, avoir une conduite irréprochable et se montrer dignes de leur fonction.

Il en va de même pour les CRHA et les CRIA, alors que l’utilisation des réseaux sociaux et des groupes de discussion dans le domaine des ressources humaines est en pleine effervescence. Aujourd’hui, il n’est pas rare que les professionnels et professionnelles agréés(es) y discutent de leurs expériences, demandent des conseils sur des situations vécues au travail, partagent des articles sur LinkedIn ou signent des billets de blogue.

D’où l’importance d’afficher rigueur et professionnalisme dans ses interactions en ligne, note Mélina Roy, CRHA, consultante, blogueuse RH et associée chez Lévesque Roy Conseil. « Les CRHA | CRIA naviguent souvent en zone grise, dit-elle. C’est donc important de développer de bons réflexes puisqu’il en va non seulement de notre posture professionnelle et de notre crédibilité, mais aussi de celle de l’Ordre. »

En effet, il faut adopter une conduite irréprochable en toutes circonstances, incluant la présence en ligne. De la même manière, les CRHA et CRIA doivent éviter toute attitude ou méthode susceptible de nuire à la réputation de la profession et à son aptitude à servir l’intérêt public (articles 10 et 12 du Code de déontologie).

Avant d’émettre une recommandation en ligne

Les CRHA et les CRIA sont de plus en plus sollicités à donner leur avis en ligne. Or, émettre un conseil sans connaître l’ensemble du dossier dont les faits, les différents aspects de la situation et son historique est contraire au Code de déontologie de l’Ordre (articles 38, 39, 40 et 41).

De façon générale, les CRHA ou CRIA devraient donc éviter d’exercer un rôle de conseil dans les réseaux sociaux, puisque ce rôle doit être le résultat d’une analyse et d’une réflexion approfondie à une situation et demande de faire référence aux règles, aux précédents et aux bonnes pratiques.

Lorsqu’un(e) CRHA ou CRIA est appelé(e) à partager son expérience ou ses connaissances en ligne, il ou elle devrait se limiter à son champ d’expertise, à ses compétences (article 4 du Code de déontologie). De même, au moment de communiquer une information, il est important de citer la source et de s’assurer qu’elle est valide. Il est aussi essentiel de se conformer au Règlement sur la tenue des dossiers et des cabinets de consultation des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec.

Respect et protection des renseignements de nature confidentielle en tout temps

Le risque d’ébruiter des secrets professionnels dans les réseaux sociaux représente un autre enjeu de taille, selon Mélina Roy. « Imaginez par exemple qu’un CRHA ou CRIA demande conseil parce qu’il pense congédier un surintendant qui multiplie les congés de maladie pour dépression. Si vous travaillez dans une petite entreprise et qu’il n’y a qu’un seul surintendant, une simple recherche sur LinkedIn permettra de le reconnaître. » En plus de divulguer des informations personnelles sur la santé du travailleur, son congédiement imminent pourrait être rendu public… avant même que celui-ci ne soit au courant.

Même s’il est tentant de partager ses expériences professionnelles, il faut veiller à ne pas laisser passer des informations qui pourraient compromettre la confidentialité d’un dossier. Les CRHA et les CRIA ont donc le devoir de préserver la confidentialité des dossiers, des informations et des renseignements de nature confidentielle qui viennent à leur connaissance dans le cadre de leurs fonctions (articles 6.6 et 51 du Code de déontologie et article 60.4 du Code des professions).

Le cas de la publicité

Les CRHA et CRIA qui travaillent en pratique privée, avec l’utilisation accrue de l’internet et des plateformes virtuelles, il peut être tentant de demander à un client d’écrire un témoignage pour ensuite le publier sur son site web, sa page Facebook ou encore sur LinkedIn. Or, le Code de déontologie précise qu’un CRHA ou CRIA ne peut pas utiliser une publicité contenant des témoignages d’appui ou de reconnaissance. En effet, cette pratique est interdite, car elle n’apporte pas d’information objective qui peut éclairer le public sur le choix du professionnel avec qui il traitera.

Cela ne signifie pas que toute forme de publicité soit interdite, mais encore une fois, les professionnels(les) agréés(es) ont l’obligation de divulguer seulement des informations complètes et véridiques (section XI du Code de déontologie).

Réfléchir avant d’écrire

Comme l’illustre le cas du comptable Stéphane Blais, il ne faut pas banaliser ses propres opinions publiées dans les réseaux sociaux ou sous un article journalistique en ligne, par exemple. En tout temps, les CRHA et CRIA doivent maintenir une attitude professionnelle en public, ainsi qu’éviter de rapporter des informations qu’ils et elles savent être fausses, et ce, tant au travail qu’à l’extérieur, peu importe la plateforme utilisée (article 11 du Code de déontologie).

En somme, avant de publier quoi que ce soit en ligne, quelques questions s’imposent. « Est-ce que je serai à l’aise de relire ce commentaire ou cette publication d’ici quelques jours, quelques mois? mentionne Mélina Roy. Ai-je plutôt besoin de prendre un pas de recul avant de répondre ou de publier? Est-ce que ma contribution est pertinente et cohérente avec ma posture de CRHA, de CRIA? Quel effet est-ce que je souhaite avoir dans les réseaux sociaux? » Autrement dit, si l’on n’est pas prêt à émettre son message en considérant qu’il sera communiqué haut et fort en public, il vaut mieux s’abstenir. Une question de professionnalisme!
 

INFO-DÉONTO

  • Téléphone : 1 800 214-1609, poste 236
  • Courriel : deontologie@ordrecrha.org

Pour aller plus loin


L’équipe de l’inspection professionnelle Ordre des CRHA

Source : Revue RH, volume 26, numéro 2  ─ AVRIL MAI JUIN 2023